"puta mexicana !" il me crache ça à la gueule et me pousse contre les casiers. merde ça fait mal ces trucs en acier ou je sais quel autre matériel. je pousse un petit gémissement ce qui le fait encore plus sourire. et malheureusement, pour le coup ça me re vaut un coup de pied dans le genou. si j'avais été un mec je serais restée debout et je lui aurais cassé la gueule. mais je n'étais qu'une fille toute maigrichonne qui préférait frapper dans un ballon plutôt que dans des gens. je m'effondre et il explose de rire. les autres le rejoignent et gueulent en coeur "dégages espèce d'immigrée !" ça me fait mal de les entendre dire ça. tout simplement car je suis pas anglaise. je suis qu'une immigrée pour eux, une étrangère. pourtant je suis sur que dans l'établissement il y a pleins de français, chinois, américains et autres. alors pourquoi moi ? je leur ai rien fais. je n'ai jamais souhaité qu'on me traite comme ça. mes parents essayent de faire pression sur l'administration, mais ça ne sert à rien. c'est la faute à ces gosses et non aux profs. ils essayent de m'intégrer mais personne veut de moi. même si je cache mes origines... mon accent me trahit et ma couleur de peau aussi. ils savent que je suis différente. mais et puis j'ai envie de dire. la différence est très bien... pourquoi vouloir changer les choses ? je me pince les lèvres et me retiens de pleurer. il ne faut pas leur montrer que je suis faible. il faut que je sois forte, faire comme si je m'en foutais. les ignorer et tout ce qu'il me reste à faire. même si ça ne me plait pas, il faut que je le fasse. avoir des amis... c'est inespéré pour moi. je peux seulement compter sur mes parents et mon frère et ma soeur. ma soeur... elle a de la chance elle a déjà fini le lycée. quant à mon frère il est encore au collège, mais il a l'air de s'amuser et d'avoir des amis. il n'y a que moi qui n'y arrive. mais je ne perdrais pas espoir. je vais me battre. il continue à rigoler et à se moquer de moi tandis que j'essaye de me relever. "la pionne arrive ! bougez !" tout le monde commence à paniquer et ils s'enfuient le plus vite possible. quant à moi, j'essaye de rejoindre mon casier du mieux que je peux. soudain je sens une main m'aider à me soulever. je tourne la tête, surprise, et remarque un gars. il a peut-être un ou deux ans de plus que moi. il est différent des autres, il a plusieurs piercings au visage et je décerne des tatouages sur ses mains. et ben... mes parents piqueraient une crise s'ils me voyaient avec autant de métal et d'encre. "arrêtes de me dévisager ou je te laisse faire la poussière de nouveau." je hausse les sourcils. il est vraiment étrange. même sans son aide j'aurais réussi à atteindre mon casier. j'ai pas besoin de lui et lui n'a surtout pas besoin de moi. "j'ai pas besoin de ton aide." on arrive vers mon casier et je fais signe que c'est ici. il me lâche mais reste à une certaine distance au mieux de partir. "au mieux de râler tu pourrais dire merci." qu'il est chiant ! je lui avais rien demandé. je soupire et chuchote un petit merci qu'il semble avoir entendu heureusement. maintenant qu'il me foute la paix... sinon lui aussi va être traité d'étranger et autres. "te laisses pas faire, c'est des crétins. en tout cas n'hésites pas à demander de l'aide, ça va pas te coûter un bras ou une jambe de demander." il passe une main dans ses cheveux noirs en bataille. il a un style vraiment différent des gens ici. mais ça me plait bien d'un certain côté. je hausse les sourcils et ferme mon casier. "je suis forte, je peux me débrouiller toute seule. mais merci quand même." sur ce je me retourne pour aller à mon prochain cours. je jette un petit coup d'oeil derrière moi, mais il a déjà disparu.